Oradour-sur-Glane : Le massacre
Massacre des hommes
Les hommes sont regroupés et sont répartis dans six lieux différents,
granges, cours, remises, où ils sont mitraillés, puis les corps sont
recouverts de fagots et de bottes de paille auxquels les SS mettent le
feu. Selon quelques rescapés, les SS tirent bas et dans les jambes de
leurs victimes ; le feu est allumé sur des hommes blessés mais encore
vivants. La déclaration d’un rescapé établit qu'ils parlaient encore ;
certains, légèrement blessés, ont pu s'échapper, la plupart des autres
ont certainement été brûlés vifs.
Massacre des femmes et des enfants
Le groupe emmené et enfermé dans l’église comprend toutes les femmes et tous les enfants du village. Des soldats placent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassent des cordons qu'ils laissent trainer sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu se communique à l'engin, qui contient un gaz asphyxiant (c'était la solution prévue) et explose par erreur ; une fumée noire, épaisse et suffocante se dégage. Une fusillade éclate dans l'église ; puis de la paille, des fagots, des chaises sont jetés pêle-mêle sur les corps qui gisent sur les dalles. Les SS y mettent ensuite le feu. La chaleur était tellement forte qu'à l'entrée de cette église on peut voir les restes de la cloche, fondue et écrasée sur le sol. Des débris de 1,20 m de hauteur recouvraient les corps.
Une seule femme survit au carnage : Marguerite Rouffanche, née
Thurmeaux. Son témoignage constitue tout ce qu'il est possible de savoir
du drame. Elle a perdu dans la tuerie son mari, son fils, ses deux
filles et son petit-fils âgé de sept mois.
Le chœur de l’église comprenant trois ouvertures, dans un instinct de
survie, Mme Rouffanche se dirigea vers la plus grande, celle du milieu
et à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges, elle
parvint à l’atteindre. Le vitrail étant brisé, elle se jeta par
l'ouverture. Après un saut de trois mètres, elle atterrit au pied de
l’église sur un fourré et fut blessée par un SS en fuyant vers un jardin
voisin. Dissimulée parmi des rangs de petits pois, elle ne fut délivrée
que le lendemain vers 17 heures.
Autres massacres
Les SS
inspectent de nouveau les maisons du bourg ; ils y tuent tous les
habitants qui avaient pu échapper à leurs premières recherches, en
particulier ceux que leur état physique avait empêchés de se rendre sur
le lieu du rassemblement. C'est ainsi que les équipes de secours
trouveront dans diverses habitations les corps brûlés de quelques
vieillards impotents.
Un envoyé spécial des FFI, présent à Oradour dans les tout premiers jours après la tuerie, indique qu'on a recueilli dans le four d'un boulanger les restes calcinés de cinq personnes : le père, la mère et leurs trois enfants.
Un puits renfermant de nombreux cadavres est découvert dans une
ferme : trop décomposés pour être identifiés, ils seront laissés sur
place.
Au total, 642 personnes ont été massacrées lors de cette journée.